Vie d'expat #1 - « Être français de l'étranger »

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Dans le cadre d’une thématique nouvelle “Vie d'expat”, j’ai aujourd’hui envie de vous partager ma réflexion personnelle sur notre statut d’expatrié.


Expat VS Pas expat

Alors, déjà, petite rectification. C’est un abus de langage. Bien que l’expression soit “à la mode”, nous ne sommes pas de véritables expatriés. Nous ne sommes rattachés à aucune société française et n’avons aucun avantage social avec la France comme pourraient en bénéficier les personnes au véritable statut d’expatrié. Non, non. Nous sommes partis de notre plein grès. Hormis la nationalité et nos statuts d’auto-entrepreneur, nous n’avons plus rien à voir avec l’administration française. Nous sommes, depuis le début, résidents aux Pays-Bas, surtout du point de vue des impôts néerlandais. En fait, le véritable mot serait “immigré”. Oui, nous sommes des immigrés. Sauf que le mot a, semble-t-il, une connotation trop négative pour être utilisé. Au final, on est quoi ? Nous sommes des “Français vivant l’étranger”. En tout cas, c’est comme ça qu’ils nous désignent au consulat : les Français de l’étranger.

Être Français de l’étranger, ça veut dire quoi ?

Avant de partir, je ne m’étais pas vraiment posée la question. Non, vraiment, je ne me suis jamais dit “Moi, je suis française et j’en suis fière !”. Sauf peut-être pendant les coupes de monde et les JO. En encore. Je n’ai jamais prêté attention aux débats nationalistes. Je suis née en France, j’ai grandi en France, je suis française. C’est un fait. Mais pour autant, ça ne voulait pas dire grand-chose de plus hormis que j’avais le droit à la sécu et une protection sociale que le monde nous envie.

Vivre à l’étranger, c’est finalement réaliser un peu plus d’où l’on vient, au départ. C’est accepter d’avoir une culture et une histoire différente. J’ai la chance de travailler avec des gens venant du monde entier. Je côtoie des Anglais, des Espagnols, des Chinois, des Croates, des Polonais, des Italiens, des Américains, des Indiens, des Néerlandais, aussi. Bref, des gens de tous horizons qui font que l’environnement de travail devient cette sphère riche d’enseignements, qui force à l’ouverture d’esprit et oblige simplement à l’empathie. « Pourquoi moi, je trouve une chose normale qui ne l’est pas chez mon voisin”.

Exemple tout bête. Culturellement, certaines personnes ont pour réflexe de mettre leur main devant la bouche s’ils parlent, encore plus s’ils sont en train de manger. La première fois que cela m’est arrivé, je me suis dit “mince, mais cette personne doit penser que je suis totalement mal poli et que je parle la bouche pleine, berk, dégeu”.

Les conversations sont souvent des comparaisons de manière de faire dans chaque pays. “Et toi, en France, c’est quoi la tradition de Noël?” “On fête Noël en Inde ? ». J’ai aussi remarqué pendant ces conversations que je disais souvent “Ah oui, c’est comme France” “Oh yes, just like in France ». Ou bien “French people bla bla bla ...” Finalement, je me rattache beaucoup à ce que je connais, à ce que j’ai vécu pendant 22 ans, à mon bagage culturel de Française. Est-ce une bonne chose ? Est-ce s’en une mauvaise ? Je ne sais pas.

Je ne me sens pas plus française pour autant. D’ailleurs, je ne m’intéresse encore moins aux événements socio-éco-politiques qu’avant. C’est ce petit côté “je m’en fous, je ne suis plus là” que beaucoup d’expats ont (Ok, je lis les grands titres sur Lemonde.fr , that’s all). Mais, je suis et je reste française. Au final pour moi, ça veut dire appartenir à une histoire, partager une culture, un art de vivre, une gastronomie (très important la gastronomie française !) et des valeurs (Liberté, Égalités, Fraternités). J’aime retrouver et ramener des produits français à Amsterdam. Même si je n’en bois bas, j’ai ce petit sentiment de fierté de trouver du vin français au supermarché et ça me fait toujours plaisir quand mes collègues me répondent de manière un peu bancale “Merci beaucoup”. Pour autant, j’adore le vieux Gouda, je raffole des stroopwaffels et je préfère clairement le mode de vie qu’il existe ici, tout faire à vélo, avec une balance parfaite entre travail et vie de famille.

Être français de l’étranger VS Être quelqu'un vivant dans un pays.

Au quotidien, je n’ai pas à me justifier. Je suis telle que je suis et l’on m’accepte pour telle. Et puis, il y a tellement d’immigrés (au bon sens de terme) ici, que finalement, on s’en fiche un peu de savoir qui vient d’où. Ce qui importe, c’est avant tout qui nous sommes et qui nous aspirons à devenir. Ici ou ailleurs !


Et vous, en France, vous vous sentez français ?


À très vite,

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