Vie d'expat #2 - La barrière de la langue

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Pour ce second épisode de « Vie d’expat », j’ai souhaité partager notre expérience sur un sujet plutôt important lorsque l’on décide de partir vivre à l’étranger : celui de la langue.

---Lorsque nous avons pris la décision de venir s’installer à Amsterdam, nous pensions que nous n’aurions pas trop de “soucis” vis-à-vis de la langue, l’anglais étant considéré comme la seconde langue officiellement. À Amsterdam, quasiment tous les Néerlandais parlent anglais parfaitement, voire même de manière bilingue. Il faut dire, la plupart des menus sont proposés à la fois en néerlandais et anglais, les indications sont souvent en anglais & les films étrangers sont tous diffusés en langue originale avec les sous-titres NL. Même les cours à la fac sont généralement dispensés en anglais. Autant dire que leur niveau est bien plus élevé qu’en France. Je crois même que le minimum requis en fin de lycée et « C1 ». En France, c’est niveau B1 pour passer le bac ... En tout cas, pour nous, qui ne parlions pas un mot de néerlandais, on ne sait jamais trop dit qu’on allait galérer. Mais une fois sur place, c’est quand même tout une autre histoire.


Le mépris

Il y a 1 an, si une personne me demandait “alors, tu progresses un peu en néerlandais”, je lui aurais répondu illico “Le néerlandais ? Pfff, pas besoin. Je me débrouille très bien sans et je n'ai pas envie d’apprendre cette langue trop bizarre et inutile”. Souvent, la personne me regarde avec une drôle de tête, d’un air “ah bon ? Ah oui bon ben d’accord”. Le plus drôle dans l’histoire, c’est que les néerlandais sont les premiers à te dire “non mais qui voudrait apprendre à parler notre langue ? C’est complètement inutile puisque tout le monde parle anglais. En plus, ce n’est pas comme si tu allais pouvoir voyager partout avec .. lol”. Aujourd’hui, je dois dire que mon point de vue sur la question a légèrement évolué.


L'ouverture d'esprit

Je me rends bien compte aujourd'hui que même si tout le monde parle et accepte volontiers de parler anglais, la langue principale et officielle reste le néerlandais. Et oui, nous sommes aux Pays-Bas, pas en Angleterre ou aux USA. Tous les services administratifs sont en néerlandais. Ouvrir un compte internet: contrat en néerlandais. Ouvrir un compte en banque : contrat en néerlandais. Chercher des informations sur un service administratif en ligne : site web en néerlandais. Faire sa déclaration d’impôt : en néerlandais et en plus en papier la première année !

Professionnellement, cela n’est pas réellement un problème. À Mobgen, nous étions plus 30 nationalités différentes. L’anglais était donc d’office la langue officielle. Même chose à Bolt. Mais pour autant, le néerlandais reste utilisé entre les néerlandais et si ils ne font pas “attention”, on peut vite se retrouver isoler d’une conversation... Pas cool.

Au-delà du travail, la relation avec ses voisins par exemple n’est pas la même non plus. Exit les conversations de quartier avec sa voisine pendant qu’elle promène son chien. Pas de “small talk” avec le facteur. Cela se résume à un simple “Hoi!” ou parfois même juste un sourire. En fait, ce sont toutes ces micro-interactions qui n’existent pas.

Je crois que je commence à en avoir un peu marre de constamment demander “Oh sorry, I don’t really speak dutch very well, can you speak English please?” Et même si, demandé gentiment, les néerlandais répondront volontiers en anglais, moi je me dis “franchement Clémence, tu pourrais faire un effort quand même’. Avant en France, j’aurais trouvé ça presque “honteux” qu’un résident ne soit pas capable de parler français. Je trouvais ça bizarre. Je ne comprenais pas comment il réussissait tout simplement à vivre .. (bonjour la fermeture d’esprit ...). Au final, je me retrouve dans cette situation, celle de “l’étrangère » tout simplement.


L'intégration

On en va se mentir, le néerlandais aurait été l'une des dernières langues que j'aurais souhaitais apprendre, avant. Sauf qu'aujourd'hui, cela a un tout autre sens : celui de l'intégration. Je ressens de plus en plus le besoin d’apprendre, de comprendre cette langue du pays dans lequel j’ai décidé de vivre pour un temps, avant-tout par simple principe d’intégration. C'est d'avantage l'aspect social et non pratique du néerlandais qui me semble important et qui me manque aujourd'hui.

Alors c’est vrai, après plus d’un an à vivre ici, on en connaît malgré tout des choses, des mots, des expressions par-ci, par là. Désormais, on est presque capable de faire les courses entièrement en néerlandais, sans avoir à demander à répéter. Mais ça c'est l'aspect pratique. Tenir une conversation normale, ça non, ce n'était pas encore franchement possible d'ici il y a quelques semaines.


L'apprentissage

Du coup, pour passer un niveau au-dessus, nous avons décidé de prendre des cours. Cela fait bientôt 10 semaines que nous prenons 1h30 de cours de néerlandais par Skype (italki) avec Alexis. On sent déjà que notre niveau a augmenté. Notre vocabulaire s’est élargi. Mais surtout, notre compréhension est meilleure. Désormais, j’arrive à “capter” certaines phrases au travail et je peux presque réussir à comprendre le contexte d’une conversation. Bien sûr, il y a encore beaucoup de travail et cela demande un certain investissement personnel (et financier) assez conséquent. Car ce n’est pas le tout de prendre des cours, il faut aussi pratiquer et réviser si l’on souhaite que cela soit efficace ! Le plus dur pour moi, c’est de revenir à la case “débutant”. J’avais oublié cette frustration d’avoir pleins de choses à dire, mais de ne simplement pas savoir comment les dire.

Mais je suis contente d’avoir pris cette décision. Malgré la fatigue que cela a pu engendrer ces dernières semaines, je me sens plus en “accord avec moi-même”. Ce qui est drôle, c'est de finalement commencer à apprécier cette langue qui nous semblait si barbare à notre arrivée, simplement parce que celle-ci nous était inconnue. Et finalement, Alexis et moi ne sommes pas peut fière de dire à nos amis et nos collègues que nous avons commencé l'apprentissage du néerlandais 😉

Si vous voulez avoir un petit aperçu rigolo de ce que l'on peut vivre chaque jour comme expérience, je vous invite à vous rendre sur le blog Dessine-moi un expat de la merveilleuse Clémentine, elle aussi expat' aux pays du gouda. Ces petits dessins sont toujours hilarants et 100% véridique, pour cause d'avoir aussi vécu les mêmes situations !

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